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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 15:43
Le dernier "face à face" de la saison, 38 journées résumées en un seul tir, l'éternité dans une chaussure, la vie ou la mort.

NICE - LE HAVRE : dernière journée

93ème minute d'un match totalement fou qui avait pourtant si bien commencé pour Le Havre : 8ème minute, Stéphane "Syrjosh" Noro sert Alassane à l'entrée de la surface qui vient mettre un plat du pied sous le ventre du gardien. Le banc se lève comme un seul homme : que pouvait-il leur arriver maintenant, il suffisait de gérer, non ?

Pourtant, Frédéric Hantz s'inquiète. Même si Nice n'a plus rien à jouer, un incident est si vite arrivé... surtout après cette saison de merde qu'ils venaient de vivre : les dieux du football ne leur enverraient-ils une dernière épreuve pour bien les faire chier ?

Puis ce qui devait arriver arriva, Loic Rémy égalise sur un ballon perdu en corner : 1 - 1 , mi-temps.

Le coach havrais est hystérique "putain, les gars, on est à 45 minutes du plus grand exploit de tous les temps, et vous allez me la jouer grosse pucelle de 13 ans si près du but ?", et autres analogies sur-schématiques.

Remise en place tactique ou pas, il ne faut que quelques minutes à Lesage pour trouver la clef du coffre niçois : Le Havre mène, et les 35 minutes qui suivent sont un "havre" (huhu) de paix, à base de passes à 10, de ballons en touche, et de tirs volontairement cadrés 10 mètres au dessus "pour pourrir Frédéric Michalak le beauf"

Alors que Frédéric Hantz s'apprêtait à faire rentrer le gardien remplaçant, Vanhamel, pour honorer un Christophe Revault qui les avait maintes fois sauvé en cette fin de saison, le drame se produit. En voulant lancer son partenaire dans l'axe, David Hellebuyck pousse un peu trop fort son ballon qui vient finir dans la lunette havraise : 2 à 2 , les rares spectateurs niçois qui étaient restés sont en délire (en fait, ça les fait juste marrer)

Stupeur, tremblement et sodomie, il ne reste plus que 2 minutes à jouer plus les arrêts de jeu : que faire ? Hantz ne s'emmerde pas de la tactique de demande à tous ses joueurs de monter, gardien y compris...
Après 4 corners infructueux d'affilée, l'improbable surgit dès la première minute des arrêts de jeu : l'arbitre siffle un pénalty pour un accrochage dans la surface.

Le staff technique havrais est au bord du gouffre, les joueurs se regardent entre eux pour savoir qui sera le vendangeur d'espoir en chef, personne n'ose, les quelques supporters havrais à avoir fait le déplacement ne veulent même pas regarder la scène. Dans une ambiance électrique de "première fois", chacun sait qu'il est à quelques secondes d'un échec intégral ou de l'orgasme improbable qui mettrait la ligue 1 à genoux, et enverrait le doyen du foot français "rue des étoiles" (comme dirait le p'tit Grégory)

Avant même le tir, chacun pense très fort dans sa tête toutes les formules, toutes les petites phrases, toutes les répliques qu'il rêve de dire aux "pseudo" commentateurs sportifs qui les voyaient descendre depuis la 2ème journée, et qui n'auraient pas misé un milliardième de centime sur eux.

Réveil.

Bon, il faut le tirer ce pénalty, non ? Alassane prend le ballon.

Et s'il le ratait ? Non, pas lui ! Mais qui d'autre ? Et puis, il est vrai que c'est en partie grâce à lui que Le Havre en était arrivé "là" en cette fin de championnat extraordinaire.

Le joueur pose le ballon, recule, l'arbitre demande à tout le monde de sortir de la surface, siffle, Amadou s'élance pour son, peut-être, 15ème but de la saison : celui de la délivrance, le dernier, le plus beau, celui qui représenterait plus qu'un simple maintien parmi l'élite...

Frappe.



LA 30ème JOURNEE

Tout avait commencé lors de cette fameuse 30ème journée face à Monaco. Alors que le club est quasi mathématiquement relégué, celui-ci se permet de ramener les 3 points de Louis II, et chacun pense que l'histoire s'arrêtera là.
Pourtant, suite à une nouvelle victoire contre Caen, autre "copain de maintien", on se rend à l'évidence que le HAC n'a plus que 7 points de retard sur le premier non-relégable. La côte du maintien explose et passe de 1300 contre 1, à 350 contre 1. Dans le business du gangsta rap, on appelle cela une "volte face".

La machine s'emballe après la victoire ramenée de Paris, Revault arrêtant deux pénalties et multipliant plus généralement les exploits face à Hoarau et à l'international français Peguy Luyindula
Pourtant, la défaite contre Grenoble à domicile lors de la 33ème journée vient définitivement doucher les rêves fous des havrais, qui se consolent du fait de leur belle réaction d'orgueil. De toute façon, le coeur n'y était plus.



ET LA, C'EST LE DRAME

Le vrai coup tactique de cette fin de saison est à mettre à l'actif de Frédéric Hantz , qui en regardant le calendrier se rend compte que, bon sang, mais c'est bien sûr ! Les 2 prochaines équipes (Nantes et St Etienne) jouent le maintien, c'est donc un "match à 6 points".
Equations différentielles et graphiques de Rolland Courbis à l'appui, Frédéric Hantz fait croire à ses joueurs que le maintien serait presque acquis en cas de victoire lors de cette double confrontation.
Deux journées plus tard, c'est une équipe survoltée qui se présente à Lorient et balaye la bande à Gourcuff sénior.
Pour la première fois depuis le début de la saison, Le Havre sort de la zone de relégation. Le miracle est en train de se produire.

Patatraaah... On croyait qu'un nul suffirait, ce qui fut fait contre Lille au terme d'un joli 1-1 (2 buts contre leur camp, les 2 seules frappes cadrées du match), malheureusement les concurrents directs ont tous ramenés des points dans le même temps, et par la faute d'un golaverage de merde, le HAC devra remporter son dernier match quoiqu'il arrive pour être sûr de rester parmi l'élite...



THE FINAL COUNTDOWN

Frappe sèche à ras de terre plein axe. Ospina, encore en train de digérer son sandwich, n'a même pas besoin d'esquisser le moindre geste, et repousse le ballon.
Le banc havrais s'effondre sur place, Frédéric Hantz tombe à genoux, un cri d'effroi parcourt le stade. Un ersatz de "France Bulgarie" envahit tout ce que l'hexagone compte de supporters du HAC.

Pourtant, le ballon est toujours en jeu, et atterrit après un gros cafouillage dans les pieds de Driss Fettouhi , qui vit alors ses 19 premières minutes de jeu en tant que professionnel. Dix neuf, c'est son âge, mais c'est aussi la distance qui le sépare du but.
Le reste appartient aux annales du football : contrôle, micro dribble pour éviter son vis-à-vis, frappe enchaînée qui atterrit sous le poteau.

Nice 2 - Le Havre 3

Les joueurs n'entendent (n'attendent ?) même pas le coup de sifflet final : la plupart sont en larmes, certains courent directement vers du banc, Hantz simule le malaise vagal. Canal + , qui diffusait la journée en multiplex, fait du Havre la star du soir, n'ayant presque diffusé que leur match au détriment de la tête du classement (dont tout le monde se branle).

Une hystérie collective s'empare des media : LCI fait la une de ses éditions pendant 2 jours sur l'exploit, L'Equipe titre "H comme héros", tandis que le "10 sport" se penche sur le cas du jeune héros du soir, Driss Fettouhi, et ose un "Raymond Domenech doit l'appeler en équipe de France dès cet été" (on apprendra par la suite qu'il est international espoir marocain)

Le président , Jean-Pierre Louvel , évoque son grand père, vu en rêve quelques mois auparavant, qui lui aurait dit qu'ils allaient se maintenir à la dernière journée. Frédéric Hantz déclare que s'il doit vivre ce genre d'émotions chaque année, il préfère retourner cultiver des betteraves. Frédéric Thiriez salue "un événement qui fera date, et qui prouve, une fois encore, la supériorité du championnat français sur ses homologues".

Les spécialistes se pencheront longtemps sur cette remontée qui semblait "statistiquement, moralement et physiquement impossible" : Nantes , Caen et Nancy s'en serait bien passés

Alors, crédible ou pas ?

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commentaires

S
bien sur que ouiiiii, c'est exactement ce qui va se passer ;)15 buts pour alassane, looool
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