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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 16:19
Quelques jours après la défaite française en Coupe du monde de Rugby, je vous narrais sur un autre blog l'histoire de "Benoit", amateur de sport à la destinée tragicomique.

Ce jeune breton au caractère bien trempé, et à la truffe humide, avait décidé de se désintéresser de son club de coeur, le Stade Rennais , lors de la Coupe de France : "de toute façon, ils ne vont jamais bien loin, alors..."

Comme il n'allait tout de même pas s'intéresser au quart de finale face à Rodez (et à domicile, en plus !), c'est fort d'un solide sens de l'amitié envers ma personne que ce rennais d'adoption avait décidé de ne pas supporter Rennes lors de la fameuse demi-finale face au GF38, alors que le Stade de France semblait si proche, et un premier trophée depuis 40 ans à portée de  testicule...

Puis vint la finale, les billets longuement attendus, le voyage en RER B direction "plaine st denis-stade de France". Ce fut une fois encore le match de la consécration pour Benoit P. qui assista sur à ce qui allait devenir doublement "la plus grande victoire du sport breton" et "la plus grosse humiliation du foot breton",  et sur le coup des 23h08 , je recevais le SMS de légende qui résumait 90 minutes de folie (et en majuscule) :
"SODOMIE"

Merci Benoit ! Et Joyeux Anniversaire !

Petit retour en arrière sur les précédents exploits :

DIMANCHE 14 OCTOBRE 2007 : "la faute à pas de chance" , quand l'analyse tactique ne suffit plus...

Benoît n'était pas censé être là hier soir. Pauline m'a prévenu à la dernière minute : « Désolé, mais je suis tombé sur lui à Bastille cet aprèm, j'étais obligé de lui proposer ». Mais bordel de merde !! Pas pour une demi-finale de Coupe du Monde de Rugby face aux anglais !!

Benoît est le prototype du casse-couilles dilettante, le copain surréaliste capable du pire comme du moins pire. Le type dont on ne cesse en son absence de vanter les mérites, mais dont la seule présence suffit à la consternation générale.


J'ai rencontré Benoît en 4ème, il venait de déménager d'on ne sait plus où (passons). Il était le seul de mes amis à ne pas savoir que l'OM venait de remporter quelques mois plus tôt la Coupe d'Europe contre le grand Milan AC des Maldini, Van Basten, Baresi, des noms qui évoquaient tellement pour nous, mais aussi peu qu'un joueur de squash de troisième zone pour notre pauvre compagnon.


D'aussi loin que je me souvienne, sa passion débordante pour le foot commença le 13 octobre 1993, lors d'une soirée « bière & chips » passée devant le match face à Israël. Un mois après, c'était pratiquement officiel, Benoît venait, sans le savoir, de réaliser son premier doublé. Sa passion pour ce nouveau sport demeura intacte en même temps que la descente aux enfers de la France se poursuivait. Son point d'orgue fut incontestablement l'Euro anglais de 1996, un modèle de football champagne. Le penalty raté de Pedros était la coïncidence de trop. Ce n'était alors plus un secret pour personne, Benoît était devenu en l'espace de quelques années un acteur majeur du sport français. Leurs destins seraient dorénavant liés à tout jamais.




Fort de lointaines origines italiennes, Benoît décida benoîtement (si je puis dire) de soutenir, dans l'indifférence générale, la « nazionale », lors de la Coupe du Monde 1998. On pourra lui reprocher beaucoup de choses, mais pas d'être de nature infidèle, c'est ainsi qu'il récidiva lors de l'Euro 2000, bien qu'il ne put voir la demi-finale face aux Pays-bas, la faute à un sabotage de l'antenne télé par des indépendantistes savoyards.

Devant la pression exercée par sa communauté estudiantine, il vira de bord. 2002 fut alors placée sous le signe de l'équipe de France. Et c'est avec une fierté, empreinte d'une pointe de moquerie, que nous emmenâmes Benoît à l'écran géant voir ce qui devenait alors « son » France-Sénégal. Pourtant les premières polémiques survinrent lors de la rencontre face à l'Uruguay lorsque notre camarade, retardé par un embouteillage, surgit juste au moment de l'expulsion de Henry. Les « mais d'où y débarque, lui ? » et autres remontrances firent place à la calomnie, au doute, et deux ans plus tard, dès le coup de sifflet final de France-Grèce, un début de chasse aux sorcières s'orchestra.


Ils ne furent pas nombreux ceux qui tentèrent de le ramener à la raison : « Pour moi, le foot, c'est fini ! » sonnait comme définitif, irrévocable. Il avait trop donné, on lui avait trop peu rendu. C'est ainsi que Benoît se tint à distance respectable du parcours français en Coupe du Monde 2006, on ne l'y prendrait plus. Pourtant, à mesure que les tours passaient, que les victoires s'enchaînaient, l'élan collectif emportait tout sur son passage. Son grand retour était en marche, il l'aurait sa revanche. C'est à Berlin, contre son Italie éternelle reniée pour toujours, que l'Histoire lui donnerait enfin raison...


Sinon, on ne peut pas vraiment lui tenir rigueur que la demi-finale France-Angleterre de 2003 fut le premier match de rugby qu'il vit de son existence, Michalak était bien présent sur le terrain, les torts étaient donc plus que partagés. C'est néanmoins avec une légère d'appréhension que nous laissâmes Benoît se joindre à nous pour le match d'ouverture de la Coupe du Monde de Rugby : « Contre l'Argentine, c'est IN-RA-TABLE » ne cessait-il de répéter.


Perdu de vue les semaines suivantes, je n'eus seulement droit qu'à un e-mail avant les quarts : « Ca donne quoi les matchs ?? J'ai pas pu les mater, je finis tous les jours à 23h », qui fleurait bon les lendemains qui chantent. Et là, le drame. Alors qu'il tournait pourtant bien, Benoît avait décidé de réintégrer l'effectif à l'occasion des matchs couperets. L'essai néo-zélandais en début de partie sonnait le glas, c'en était terminé. Mais contre toute attente, notre coéquipier sonna la révolte par un coup de génie tactique qui lui avait toujours manqué dans les moments cruciaux, décidant subitement de partir au Mc Do en plein milieu de la 2ème période. Ce moment de folie allait renverser pour toujours le destin d'un XV de France déjà perdant, auquel seul un individu opiniâtre, prêt à laver les affronts du passé, avait cru jusqu'au bout.




L'exploit allait-il donc être réitéré face à l'Angleterre ? J'en doutais, trop conservateur dans mes choix tactiques, peu disposé à admettre qu'on pouvait piéger deux fois d'affilée nos adversaires, cependant sa côte de crédibilité était au plus haut, et bénéficiant d'un retour en grâce légitime, les dés étaient jetés . Ce soir, Benoît serait titulaire en demi-finale. Sa mission était claire : amener les boissons et quelques paquets de chips.


Moins de 24 heures après, l'amertume de la défaite coule toujours dans ma gorge, malgré cela je reste lucide. Le sport reste ainsi fait, les grandes victoires découlant des grandes défaites, et inversement. Et puis, il faut raison garder, ce n'était que du sport après tout.


En effet, pour Benoît, spectateur régulier et enthousiaste de l'événement, le summum fut indubitablement atteint les 22 avril et 6 mai dernier lors des soirées électorales des élections Présidentielles...

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